Lecture suivie du livre de Ruth…
Durant ce temps (indéfini au moment où nous mettons en place cette veille spirituelle) nous vous proposons, entre autres, une lecture du livre de Ruth. Petite étude biblique, accessible à tous, pour prendre le temps de méditer, en solitaire mais en communion, un petit bout de la Bible.
Pourquoi Ruth ? D’abord, c’est une femme !
Ensuite, c’est l’histoire d’une femme qui a une force de caractère, une détermination, une endurance, une volonté et une foi qui forcent le courage.
Et puis, très prosaïquement, il n’y a que quatre chapitres à ce livre, alors, on espère même que cette lecture suivie, à raison d’un chapitre par semaine, se terminera après la période de confinement. Les commentaires arriveront chaque jeudi, chapitre après chapitre.
Quelques mots d’introductions…
Le livre de Ruth est le seul du corpus biblique à porter un nom étranger. Quelle audace ! D’emblée, cela doit nous inviter à voir dans cette histoire, plus qu’une belle histoire d’amour. Surtout, derrière cette histoire d’amour, il y a la vie d’un peuple et ses coutumes, la condition des femmes, celle des étrangers.
Et au cœur de cette histoire d’amour, il y a la bonté de Ruth, bonté contagieuse qui vaincra tous les tabous sociaux qui auraient dû la maintenir à l’écart.
Qui est Ruth ? c’est la question que Boaz pose par deux fois (2,5 et 3,9), c’est aussi la question que pose Naomi, sa belle-mère (3,16). Il reste une part de mystère chez cette femme, comme chez tout être humain. Mais nous découvrirons au fil de notre lecture bien des facettes de ce personnage.
Il faut évoquer la seconde femme de ce conte, Naomi, la belle-mère de Ruth. Les deux femmes, veuves toutes les deux, s’installent à Bethléem, la patrie de Naomi. Une amitié forte les lie ainsi que le deuil d’un homme qu’elles aimaient toutes les deux, fils pour l’une, époux pour l’autre. Deux femmes seules dans une société qui n’aime pas les femmes seules, deux femmes qui doivent (encore) tout recommencer. C’est un conte, ça commence mal !
Et les hommes dans cette histoire, pas très glorieux ! Des morts dont les ombres planent, des moissonneurs auxquels il faut ordonner de ne pas toucher la jeune femme qui vient glaner dans le champ, un vague parent qui refuse d’assurer son devoir protecteur, mais quand même quelques anciens anonymes bienveillants et Boaz, qui est le seul à être à la hauteur…quoique, cet homme fera jaser, lui qui est respectable, bien inséré dans sa société, qui tient son rang, il va épouser une étrangère, pire même, une Moabite. Tous n’ont pas dû le trouver à la hauteur, dans son entourage.
Mais peu importe ce que pensent les bien-pensants, Boaz et Ruth auront un fils, Obed, qui sera le grand-père du roi David, rien que ça ! et Ruth restera dans la postérité à tel point qu’elle sera l’une des rares femmes citées dans la généalogie de Jésus établie par Matthieu (Mt 1, vous avez du temps pour lire ce chapitre qu’on trouve en général rébarbatif !)
Quand on fait une étude biblique, se pose toujours la question : de quand date le livre étudié ? et invariablement ou presque, la réponse est : heu, on ne sait pas avec précision !
On pourrait se réjouir de lire dès le début du conte : Au temps du gouvernement des juges…
Mais, c’est un peu comme Il était une fois, c’est surtout mentionné pour pouvoir établir la généalogie d’Obed jusqu’à David à la toute fin du conte.
Notre histoire fait aussi mention de coutumes qui n’ont plus cours au temps où elle est rédigée (4,7).
C’est une société sédentaire, avec des agriculteurs aisés bien établis.
On lit et on peut deviner un certain nombre de coutumes, en rapport ou non avec la Torah.
Surtout, il y a la place d’une étrangère, centrale, positive. Comme si l’auteur se demandait et demandait à ses contemporains : Dieu prend-il soin aussi des non-Juifs ? Ces étrangers peuvent-ils avoir un rôle dans l’histoire du salut ? Se poser de telles questions nous assurerait d’une chose : que nous ne sommes plus au temps d’un isolationnisme religieux comme au temps d’Esdras et de Néhémie (retour de l’exil) à moins qu’au temps de cet isolationnisme religieux, il y ait justement eu un courant, assez puissant, pour le refuser et le questionner ! Les uns et les autres ont des arguments que je ne développerai pas ici. Mais nous voyons combien vouloir dater un de ces textes anciens est bien délicat. Que cela ne nous empêche pas de nous plonger dans cette histoire, qui reste belle malgré tout et qui nous parle d’amour…de l’amour de Dieu.
Bibliographie :
Lacocque André, Le livre de Ruth, Labor et Fidès, 2004