Introduction au livre de la Genèse

                                                                                                Introduction Genèse

Nous restons toujours dans l’Ancien Testament pour ces lectures du jeudi. Plongeons-nous dans le tout début de la Bible. Cette fois, nous ne lirons pas tout…la Genèse comporte 50
chapitres et le déconfinement commence ! Ce sont les premières histoires qui vont accompagner notre méditation, comme un retour aux sources. Qui est Dieu ? Qui sont
l’homme et la femme ? Quelle place pour la création ? Tant de questions qui font écho à ce que nous vivons actuellement.

La Genèse est le premier livre du Pentateuque1. Elle raconte l’histoire des origines du monde, de l’humanité et du peuple d’Israël. Notons que la Bible commence par une histoire qui
englobe toute l’humanité et raconte la création du monde et des humains (c’est une histoire qui dit quelque chose sur Dieu dans ce monde, ce n’est pas un traité scientifique).

La Genèse constitue le début d’un vaste ensemble qui se poursuit dans les quatre autres livres du Pentateuque et qui raconte comment Dieu se choisit, au milieu des nations, un peuple à
qui il va se révéler et qui sera appelé à être son témoin.

L’histoire du peuple d’Israël en tant que tel commence avec la libération d’Egypte (Exode) mais l’histoire de Joseph, qui clôt le livre de la Genèse fait un pont entre les deux.Une chose importante dans la Genèse, c’est l’universalisme de Dieu. Il est créateur de toute l’humanité. L’élection d’Abraham ne s’oppose pas à cette théologie universaliste puisque
Abraham est l’ancêtre d’Israël mais aussi des tribus arabes, il est aussi parent des Moabites et Ammonites, voisins d’Israël et de Juda à l’est du Jourdain. Il n’est pas étonnant que les
généalogies jouent un rôle important dans ce livre alors qu’elles sont presque absentes des autres livres de la Torah.

La Genèse résulte d’un travail littéraire qui s’est poursuivi durant plusieurs générations. Elle reflète donc les expériences, parfois douloureuses, de ceux qui se considèrent comme les
descendants d’Abraham, et suppose une relecture, au gré des vicissitudes de l’histoire d’Israël. Le texte actuel ne se comprend que si l’on tient compte de la nécessité d’actualiser le
témoignage de l’intervention de Dieu dans le monde et dans l’histoire de son peuple.

Les nouvelles interprétations s’ajoutent aux anciennes, elles ne viennent pas les remplacer mais les modifier, les réorienter. Le Pentateuque est compilé après la tragédie de l’exil (-587)
avec la volonté de donner une cohérence d’ensemble aux différents récits qui circulaient (mais certains détails contradictoires n’ont pas été gommés pour autant.)

Nous avons deux grandes parties dans ce livre de la Genèse : l’histoire ou cycle des origines (chapitres 1-11) et l’histoire des patriarches (chapitres 12-50).

Ce qui revient sans cesse c’est que Dieu intervient dans l’histoire de l’humanité, il est un Dieu de l’histoire, il fait route avec les hommes.

L’histoire des origines, dont le début va nous occuper, est donc composée de sources diverses. On parle de récits mythologiques, on y voit en effet des liens avec les traditions mythologiques d’Egypte ou du Proche-Orient, de l’Asie mineure ou la Grèce antique. Ce ne sont pas des récits vrais, ce sont des histoires pour dire les origines et la place de Dieu dans ce commencement. Comme tous les mythes ils se situent en dehors de la chronologie historique et tentent de résoudre les grandes questions de l’humanité : nos origines, la sexualité, la mort, la liberté, la violence, la fin du monde. Les auteurs de la Bible n’ont pas hésité à puiser dans les traditions de leurs voisins. Par exemple, l’histoire du déluge se trouve dans les aventures du héros Gilgamesh.

Les premières traditions bibliques concernant les origines ont peut-être vu le jour aux alentours du VIIe siècle avant notre ère. La Genèse est un texte « récent », il est d’ailleurs très
peu cité dans les autres livres de l’Ancien Testament. Il est toujours difficile de dater ces vieux textes mais au fond, la date importe peu ; ce qui importe c’est la manière si réaliste dont le
texte est porteur, quant aux difficultés de l’existence, sans pour autant sombrer dans le pessimisme. L’auteur insiste sur le fait que Dieu laisse à l’humain sa liberté et ne rompt pas sa
relation avec lui malgré ses erreurs.

Ces premiers chapitres sont une réflexion profonde sur l’être humain, sa vocation, ses faiblesses et sa relation à Dieu.

 

1 La Torah pour les juifs, c’est-à-dire les 5 premiers livres de la Bible (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome)

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